Persepolis

Publié le par Wiz

PesepolisPersepolis, de Marjane Satrapi, chez l’Association

Marjane a 9 ans lorsqu’éclate la révolution en Iran. Pour elle qui vit dans une famille modérée, qui va dans une école laïque et mixte, l’apparition en 1980 du foulard et des classes séparées ressemble un peu à une mauvaise blague.

La situation en Iran se radicalise : les islamistes sont au pouvoir et tolèrent de moins en moins de choses. Dans un pays où la torture devient courante, la résistance n’est pas facile.

A travers des scènes de quelques pages, Marjane raconte sa vision des choses, la difficulté à s’adapter (mais le faut-il vraiment ?), la vie quotidienne, les amis qui s’exilent...

La guerre Iran-Irak n’arrange pas les choses, et en plus de la pression islamiste, les Iraniens doivent également supporter les bombardements.

A 14 ans, Marjane est envoyée par ses parents en Autriche pour poursuivre ses études. Elle vit et survit seule ou presque pendant quatre ans, et finit par revenir dans son pays.

Elle retrouve son quotidien, mais ça ne passe plus, elle a vécu comme une occidentale, maintenant elle doit désormais penser à mettre son foulard pour sortir.

Marjane se crée un semblant d’ordinaire pour faire comme si, parce que la vie continue, parce qu’il le faut bien.

En 1994, elle quitte son pays pour la France, où elle entame des études d’Arts Déco.


Il faut prendre ces albums pour ce qu'ils sont : des fragments de souvenirs d'une petite fille puis d'une adolescente, en aucun cas les saynètes ne témoignent du passé d'un pays. Mais au travers de ces souvenirs, on y retrouve l'Histoire d'un pays meutri, d'une population décimée, appauvrie culturellement et socialement, brimée.

Les sentiments dont nous fait part Marjane Satrapi sont nettement orientés, il ne s'agit pas de les prendre au mot pour juger l'Iran, son gouvernement et sa population. Mais la lecture de ces albums donnent envie d'en savoir plus.

Côté dessins, Satrapi, dans le 1er tome, ne sait pas dessiner. Les personnages sont mal dégrossis, il n'y a pas de mouvements, elle ne sait pas rythmer son récit. Cet apprentissage, elle le fait au fil des albums, et on remarque un changement très net en avançant dans le récit. Elle a appris également à raconter ses histoires, et au total, Persepolis gagne en force.


Ne vous laissez pas rebuter par le dessin, vous passeriez à côté d'un chef-d'œuvre.

Persepolis
Marjane Satrapi
Collection Ciboulette
Editions l’Association

Si vous avez aimé, vous aimerez peut-être...
- Broderies pour lire Satrapi (Satrapi, l’Association)
- Le démon de midi parce que les femmes dans la BD, c’est trop rare (Cestac, Dargaud)
- Garduno, en temps de paix pour découvrir la BD engagée (Squarzoni, Les Requins Marteaux)

Publié dans Roman graphique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
W
On m'a demandé récemment ce que je pensais de "Poulet aux prunes".<br /> Mon impression est plutôt mitigée : cet album est mélancolique et poétique, mais mon avis profond, c'est que je ne l'ai pas trouvé terrible. L'histoire m'a parue flasque. <br /> Ceci dit, il n'est probablement pas mauvais. Peut-être avais-je trop d'attente par rapport à Persepolis, celui-ci en comparaison est très "léger" (pas de guerre, pas de militantisme...).<br /> <br /> Je ne puis donc vous le recommander aussi chaudement, mais cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas y jeter un oeil.
Répondre